Une intervention minimale ou fondamentale, de type archéologique, muséale ou illusionniste?
Une terre cuite est poreuse, qu’elle soit recouverte ou non d’une glaçure (terre vernissée, faïence, majolique etc.). Un grès ou une porcelaine ont une pâte vitrifiée, où l’eau et les solvants ne pénètrent pas. Cette différence est essentielle dans le choix des traitements. L’état de conservation, l’objectif de la restauration et le souhait du propriétaires sont également des paramètres essentiels pour déterminer quelle type de restauration proposer.
Les grands principes et les différents types d’intervention
Les grands principes du code de déontologie s’appliquent à toute restauration : préserver l’original au maximum, employer des matériaux stables et réversibles, documenter l’intervention, et préconiser des conditions de conservation adaptées à chaque objet.
L’objectif de l’intervention peut viser la seule conservation de l’objet par un simple dépoussiérage, un nettoyage de surface ou le retrait de socles inadaptés. Si l’objet présente une instabilité de structure ou de surface, il s’agit d’une intervention de type curatif : des traitements de dessalement, de consolidation de surface ou de fissures, ou encore le collage de fragments aux permettront de conserver l’œuvre sans risque. Enfin une intervention de restauration de type fondamental est proposée lorsque d’œuvre présente des lacunes, des anciennes restaurations mal conservées ou inadaptées, qui mettent en danger l’objet, et que son aspect visuel en est altéré: le retrait total des anciennes interventions est suivi de toutes les étapes classiques de la restauration.
La restauration de type « archéologique »
Les objets issus de fouilles nécessitent un traitement spécifique. Ils ont souvent subi des altérations de structure et de surface qui ont altéré de manière irréversible leur aspect originel. L’objectif de l’intervention est de retrouver une stabilité structurelle avec si possible le profil archéologique de l’objet sans pour autant masquer les traces d’enfouissement, que cela soit les cassures, les lacunes ou les concrétions qui font partie de son histoire matérielle. Certaines lacunes doivent être comblées lorsque la stabilité de l’objet le nécessite. Dans ce cas une réintégration colorée à la couleur de fond de l’objet est préconisée, sans reprise des décors éventuels.
La restauration visible de type « muséale »
Pour les objets décoratifs accidentés, les manques importants peuvent gêner la lecture du décor. Lorsque le décor manquant est connu, une réintégration colorée « au petit point » sans recouvrement de l’original permet de retrouver l’unité d’ensemble de l’œuvre et de ne pas gêner la lecture de l’œuvre. La partie reconstituée est strictement délimitée au manque et reste discernable de près, invisible ou très discrète de loin. Les restitutions du revers de l’objet peuvent être laissés dans la couleur de fond, sans reprise du décor, pour plus de visibilité. Ce type d’intervention préserve au maximum l’original sans dissimuler les accidents qui font partie de l’histoire de l’objet. La restitution des couleurs et des motifs décoratifs peut être envisagée à des degrés plus ou moins poussés en fonction de l’objet, de la collection à laquelle il appartient et du souhait de son propriétaire.
La restauration invisible de type « illusionniste »
Lorsque le propriétaire souhaite rendre invisible l’accident, les étapes classiques de la restauration peuvent être poussées jusqu’à rendre invisible la retouche et le vernis sur les parties manquantes, avec un léger recouvrement sur la surface originale afin de masquer les limites de la restauration. Ce type d’intervention est plus particulièrement destiné à une clientèle privée.
Le dialogue avec le propriétaire de l’objet est une étape essentielle de la restauration afin de bien comprendre les attentes et de proposer une intervention adaptée à la nature et à l’état de conservation de l’oeuvre. Un devis est fourni avant toute intervention : il détaille les opérations proposées et le coût de la restauration.