Les étapes de restauration

01

Le diagnostic

Un examen minutieux de l’objet sous lumière naturelle et sous lumière UV permet d’établir un premier diagnostic, qui peut être complété par des tests préalables. Un premier diagnostic peut être établi sur photographie, à distance, pour estimer la faisabilité d’une restauration.

Ce diagnostic permet de définir en accord avec le propriétaire de l’œuvre l’intervention à réaliser et d’établir un devis détaillé.

On complète cette première phase par des prises de vue avant intervention.

02

Dépoussiérage/Nettoyage

Le dépoussiérage vise à retirer les résidus coincés à l’intérieur des objets qui sont hygroscopiques et peuvent nuire à la conservation des œuvres. Le dépoussiérage constitue la première étape du nettoyage, et peut suffire à l’entretien des objets en bon état. Il permet d’évaluer les fragilités potentielles de l’objet (porosité, soulèvements, décors, etc.) ainsi que la nature et la cohésion des matériaux exogènes.

Exemple d’infiltrations brunes sous glaçure sur une faïence siliceuse avant et après nettoyage

La méthode de nettoyage est ensuite sélectionnée après des tests de solubilité selon la surface à nettoyer et le type de salissures.  Il peut s’agir d’un gommage à sec ou d’un nettoyage à l’aide de solvants ou encore de traitements chimiques (taches sous glaçure, infestations, etc.). Le niveau de nettoyage est étudié pour permettre une meilleure lisibilité de l’objet.  Pour les terres cuites et les objets archéologiques, le niveau de nettoyage sera défini par rapport à l’état de conservation de l’objet (altérations) et à la présence de polychromies à froid ou de dépôts archéologiques  à conserver (restes de terre, de contenus, taches d’enfouissement).

03

Dessalement

Le dessalement vise à décontaminer ou, au moins, à faire baisser de manière notable le taux de sels (chlorures, nitrates, sulfates) présents dans un matériau. Ces sels proviennent soit d’un ancien contenu (pots à pharmacie par exemple) soit de l’enfouissement en milieu contaminé pour les objets archéologiques. En effet, à un degré important d’infestation, les cristallisations de sels font s’écailler la surface et certains décors peuvent disparaître. Lorsqu’elles se produisent au sein de la pâte, elles entraînent des fissures, des cassures et une pulvérulence de la matière, jusqu’à désagrégation complète de la surface.

C’est en général le degré d’altération de la surface (écaillage, fissures, pulvérulence, efflorescences) qui oriente vers la nécessité d’effectuer des tests préalables et le cas échéant, d’effectuer un dessalement. Avant de procéder à un dessalement, il convient de mettre en balance les risques encourus par l’œuvre lors d’un traitement aqueux et ceux induits par la présence effective de sels au sein de la pâte.

04

Dérestauration

Les œuvres nous parviennent parfois collées, comblées, recouvertes de peinture ou présentant des agrafes métalliques et des socles. Ces anciennes interventions peuvent poser deux problèmes fondamentaux. Elles peuvent causer une gêne esthétique lorsque les produits anciens ont vieilli et peuvent être néfastes pour l’objet dans le cas où une ancienne colle a perdu son pouvoir d’adhésion et lorsque la résine employée n’est pas adaptée au matériau. Quant aux agrafes métalliques et aux socles, ils peuvent rouiller et créer des tensions au sein du matériau.

Il est alors nécessaire de procéder à une « dérestauration » qui consistera au retrait d’un ancien comblement, collage, repeint. Les éléments métalliques et anciens socles peuvent être retirés ou stabilisés.

Vase en opaline : collage et comblement de lacunes en résine teintée dans la masse

05

Consolidation et collage

Les consolidations visent à améliorer la cohésion de l’œuvre, et seront envisagées en particulier en cas de fissures instables, de collages anciens fragilisés et non démontables, de soulèvement d’écailles, de desquamation de la surface, d’altération du verre par feuillets ou cratères, et de décor pulvérulent. Selon la nature des matériaux constitutifs (poreux ou vitrifié, opaque, translucide ou transparent), l’aspect de surface de l’original (mat ou brillant) et la force de cohésion recherchée, différentes techniques de consolidation de surface ou de structure pourront être mises en œuvre

Les objets cassés doivent être recollés à l’aide de différentes résines adaptées à la nature des matériaux constitutifs et choisies pour leur stabilité dans le temps.

06

Comblement et restitutions

Le comblement des lacunes d’un objet a deux objectifs principaux : un rôle esthétique pour rendre à l’objet son unité visuelle, et/ou un rôle structurel dans le cas d’un objet fragilisé par un manque important. La technique et le matériau choisi seront adapté à l’objet en privilégiant une dureté moindre par rapport au matériau original. Dans certains cas des restitutions peuvent être réalisées, à partir d’une documentation ou d’un modèle existant, par modelage, moulage et tirage. 

07

Retouche colorée et vernis

La retouche aura pour objectif d’intégrer visuellement les comblements et les restitutions mais également d’améliorer la lisibilité des volumes en harmonisant l’ensemble de l’œuvre (usures de surface et lacunes de la patine provocant parfois des contrastes colorés trop violents).

 

Deux types de retouche sont envisageables : invisible (dit « illusionniste »), très légèrement débordant sur la surface originale ou de type muséal, c’est à dire strictement délimité au contour des comblements et réalisé au petit point, de façon à ne pas gêner la lisibilité du décor tout en restant discernable de près.

Le degré de réintégration (couleur au ton ou plus claire, réintégration aux petits points ou en tratteggio, réintégration complète ou suggestion du motif manquant, etc.) sera choisi en concertation avec le responsable de l’œuvre. Le revers des objets pourra être retouché en aplat, avec une couleur de fond unie, permettant l’identification aisée de la restauration au revers.

Un vernis pourra être appliqué sur les retouches. Il permettra de protéger la retouche et de restituer la brillance ou la matité de la surface originale sur les zones restaurées.

08

Dorure

La restauration de dorure et de lustre à l’aspect métallique est délicate : les décors originaux sont fragiles, ils peuvent être rayés ou abrasés facilement. Il faut choisir soigneusement la technique et les matériaux utilisés en fonction de l’état de conservation de l’objet et de l’objectif de l’intervention

Exemple d’infiltrations brunes sous glaçure sur une faïence siliceuse avant et après nettoyage

Dans le cas d’une dorure à froid, un nettoyage peut faire disparaitre les traces d’or originales.

La brillance de l’or et les effets de miroir ou d’irisation sont difficiles à restituer à cause de la réflexion spéculaire qui donne des aspects et des couleurs différents selon l’angle de vue.

09

Documentation

L’objet est photographié à chaque étape de l’intervention et un rapport illustré pourra être remise à l’issue de la restauration. Il détaillera les méthodes et produits utilisés et indiquera des recommandations de manipulation et de conservation.